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NOUVELLE MISE A JOUR LE 15 avril 2014

mardi 22 juin 2010

Le 18e B.C.P. aux Eparges

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LES ÉPARGES
(5 juillet-23 septembre 1915)

Pendant l'occupation du secteur de Woëvre, le Bataillon a appris à connaître la crête grise, sorte de falaise qui domine les villages des Éparges et de Combres. De leurs tranchées, les chasseurs ont pu voir cette crête bombardée quotidiennement, secouée par d'incessants combats locaux, derniers soubresauts des attaques faites en ce point quelques semaines auparavant. C'est là qu'ils sont envoyés dès le 5 juillet, pour y tenir le secteur, l'organiser et s'efforcer de conquérir le sommet de la crête, le fameux « Point X » dont les communiqués ont révélé l'identité, et d'où un guetteur, dominant la plaine de Woëvre, empêche tout mouvement de jour à l'intérieur de nos lignes.
Ce secteur se ressent de l'activité guerrière qui vient de s'y manifester et qui est loin d'être apaisée. A la suite des attaques de mars et d'avril, nous avons conquis la presque totalité de la crête, sauf le point culminant, où l'ennemi accroché, en assez pénible posture, ne réussit à se maintenir que grâce à une attitude agressive ne laissant aucun répit. Les lignes sont au contact, pour éviter la bombe et l'obus, mais c'est alors la grenade qui intervient, et l'on passe là des journées entières guettant l'engin qui va s'abattre en tournoyant dans la tranchée : pétards à manches, « tuyaux de poêle », ou même torpilles de 240, qui balaient de leur souille hommes, pierres, sacs à terre. La fatigue est extrême du fait de la tension nerveuse, mais pas un instant ne faiblit la volonté de tenir malgré tout. On riposte avec toute la gamme des grenades dont on est abondamment pourvu, avec les « celleriers », ces minuscules canons faits eux-mêmes d'un corps d'obus, avec les mortiers Aasen, avec le canon de 58. Pour aller chercher le Boche, accroché aux pentes devant Combres, l'artilleur diminue ses charges ; pour limiter la débauche de munitions à laquelle se livre l'adversaire, on lui applique le régime des tirs de représailles. Et l'on a la satisfaction d'apprendre que tous les jours ne sont pas roses pour « Fritz » qui, dans une composition en vers tombée entre nos mains, chante les tourments de l' « Enfer de Combres ».


Pour hâter l'évacuation du Point X, un certain nombre de galeries de mine ont été creusées. Nous devançons l'ennemi dans ce travail. Le 12 juillet, trois fourneaux sont prêts à exploser : deux sont sous la tranchée allemande elle-même. Une attaque combinée avec l'explosion doit nous donner la possession de la crête. A 10 heures, en effet, les trois mines sautent et nos vagues d'assaut se précipitent, mais la chute des pierres projetées par l'explosion tue ou blesse plusieurs chasseurs et disloque un peu l'attaque. Cependant, les bords des entonnoirs sont occupés par deux compagnies (4e du 18e et 3e du 9e) qui prennent pied en divers points de la tranchée allemande. Mais l'adversaire sort en masse des abris creusés dans les pentes sud de la position ; l'artillerie allemande, non contrebattue, agit à vues directes sur nos éléments d'attaque qui, après une lutte de plusieurs heures et après avoir perdu tous leurs officiers, doivent revenir à la tranchée de départ. L'attaque, reprise au petit jour avec d'autres compagnies venues de l'arrière, ne donne pas un résultat meilleur. La journée a coûté de grosses pertes au Bataillon, qui n'en défile pas moins brillamment, drapé de boue et d'orgueil, dans les rues de Verdun où ses clairons retentissent le jour de la Fête Nationale. Par période de sept jours, alternant la tenue du secteur avec des repos à Glorieux, au Camp Romain, à Fontaine-Saint-Robert ou au camp des Trois-Jurés, travaillant même à la Tranchée de Calonne dans le secteur plus calme de la brigade voisine, le 18e passe ainsi les mois de l'été 1915.
Le 23 septembre, il est définitivement retiré de la région, vient un jour au secteur du bois Bouchot, puis, embarqué en camions-autos, il débarque à Verrières, au sud de l'Argonne, le 1er octobre. Depuis le 25 ont commencé les attaques de Champagne. On parle d'une grande victoire, on pense percer et couper en deux les armées ennemies. Et le désir d'être de la fête laisse dans l'oubli les fatigues de l'âpre secteur dans lequel, au cours de ces deux mois et demi d'occupation, tant des nôtres sont tombés.

Source : Historique du 18e Bataillon de Chasseurs à pied BERGER-LEVRAULT, NANCY – PARIS – STRASBOURG
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