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NOUVELLE MISE A JOUR LE 15 avril 2014

lundi 22 février 2010

22 février 1916, le 59e B.C.P. aux bois des Caures

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JMO du 59e B.C.P.

3 heures –
Les Compagnies du 56e Btn de chasseurs sont réparties ainsi qu’il suit :
½ section en renfort à R3
½ section occupe des éléments de tranchée à R2 et R3
½ Cie à la disposition du Cdt de la GG III
½ Cie à la GG III
1 section en renfort à R2
1 section aux abris à R3
Bombardement long et continu durant toute la nuit.

5 heures –
Une ½ section de la 7e Cie du 59e Btn, qui s’était repliée de S9, tente de contre-attaquer S9 à la grenade, par le boyau R2 (GG IV) ; mais sans résultat, le boyau étant pris d’enfilade par une mitrailleuse ennemie.

7 heures –
Le bombardement reprend avec plus d’intensité que la veille, écrasant boyaux et tranchées-abris.

12 heures –
Le bombardement cesse ; de grosses masses ennemies, très denses, se profilent sur la crête 330, se dirigeant vers le bois d’Haumont. 38 fusées rouges sont envoyées, en vain, pour déclencher le barrage ; aucune réponse n’est faite aux signaux d’optique envoyés du poste A, l’artillerie chargée de faire les barrages étant neutralisée.
L’ennemi ne se dirige pas franchement vers le bois des Caures ; mais il l’aborde à hauteur de R3, se glissant en lisière. Les hommes se rassemblent dans les entonnoirs formés par les trous d’obus et semblent former trois colonnes : l’une ayant pour objectif un intervalle entre R3 et R4 ; l’autre l’intervalle entre R2 et R3, et la 3e se dirigeant vers S’9, S9, le ravin de la Vaux-Hardelle, prenant ainsi les GG à revers.
Cette colonne semble s’être fondue avec une colonne ayant franchi nos lignes vers le poste 7, et s’est dirigée ensuite sur l’intervalle séparant R1 de R2, pour de là gagner la route de Ville. Les forces assaillantes croissent rapidement. La colonne ayant pour objectif l’intervalle entre R3 et R4 se trouve prise sous un feu de mousqueterie et de mitrailleuses très intense mais ne peut progresser.
La colonne ayant pour objectif l’intervalle entre R2 et R3 prise également sous le feu des mitrailleuses de R3 d’un coté, et sous le feu d’une mitrailleuse, placée au cours de la nuit en R2, à la demande du commandant de la 8e Compagnie pour flanquer la tranchée, progresse difficilement en utilisant les trous d’obus ; elle subit des pertes très élevées du fait des tirs d’infanterie de la tranchée R2 et du feu des mitrailleuses. Arrivés au réseau les hommes de cette colonne se regroupent dans les trous d’obus ; certains d’entre eux munis de flammenwerfer dirigent le jet de leurs appareils sur le réseau qui fond et sur le barrage qui s’enflamme (La même manœuvre a été effectuée par la colonne qui a franchi la croupe R1, R2)

13 heures –
Quelques éléments ennemis franchissent le barrage de la ligne des R et bousculent la ½ section du 56e Btn de Chasseurs, placée dans le nouvel élément de tranchée ; cette fraction se replie sur la tranchée R2. Le Lieutenant Commandant la 8e Cie dispose immédiatement cette fraction dans les trous d’obus en arrière et à gauche, de façon à l’empêcher d’être pris à revers.

13 heures 30 –
L’ennemi ne rencontrant aucune résistance de front sur le point où il s’était porté, réussi à pousser malgré les feux de mitrailleuses de flanquement ; des fractions ennemies empêchent la liaison entre R2 et R3, et bientôt, prenant à revers l’élément gauche de R2 (tranchée du cimetière) rendent les positions intenables.

14 heures –
Le Lieutenant Commandant la 8e Cie se replie dans la tranchée voisine, garnissant le boyau de tireurs avec les 2 forces ; il rend compte de la situation au Commandant, lui demandant de faire une contre-attaque derrière lui, tandis que de son coté, il contre attaquerait la tranchée abandonnée.



Le P.C. du Lieutenant-Colonel Driant

14 heures 20 –
Une Cie du 165e R.I. (Cne Very) envoyée à cet effet progresse légèrement dans une direction parallèle à la tranchée, tandis que le Lieutenant Commandant la 8e Cie reprend à la grenade l’élément abandonné en faisant prisonniers 8 allemands terrés dans un trou d’obus (Prisonniers que par la suite, il n’a pu ramener)
A ce moment une violente attaque, ayant pour axe la route de Flabas, se déclenche vers R2. Les assaillants arrivent à flots pressés et, se faisant faucher par les feux de mousqueterie et de mitrailleuses parvenant de la tranchée R2 (abri bétonné et organisé) ne peuvent progresser.
Quelques instants après, un chasseur envoyé en liaison vers R3 annonce qu’une forte colonne ennemie, ayant franchi la ligne des R, se dirige vers Joli-Cœur.
En même temps, une forte colonne allemande est signalée arrivant par la route de Ville, rendant la situation des tranchées de R2 excessivement difficiles. Rapidement, la mitrailleuse installée dans un abri, pour battre la route de Ville, fauche une partie de la colonne ennemie, qui d’abord s’arrête, prise également par les feux de l’Infie.

14 heures 40 –
Une section du 56e Btn (Lt Loiseau) se porte dans la tranchée établie perpendiculairement et au-dessus des intersections des routes de Ville et de Flabas (tranchée, qui éventuellement aurait dû être occupée par des gens de la garnison de Beaumont)
Une autre section du 59e Btn, formée d’agents de liaison, sapeurs, téléphonistes (garnison du poste de commandement), sous les ordres du S/lieutt Leroy, s’établit dans la tranchée parallèle à la route de Flabas, en soutien de la mitrailleuse battant la route de Ville.

15 heures –
L’ennemi renouvelle sa tentative, soutenu par une pièce d’artillerie installée sur la route de Ville, et qui au bout de quelques coups, démolit l’abri de mitrailleuse et rend la situation très critique.
Pendant ce temps, la section de mitrailleuse de R3, ayant épuisée ses cartouches, se replie en emmenant ses 2 pièces au prix des plus grandes difficultés.
La situation de R2 devient de plus en plus grave ; de grandes forces ennemies ayant franchi la ligne des R et se portant à la lisière du bois, menacent d’enserrer completement les derniers défenseurs de la tranchée R2.

15 heures 15 –
A ce moment, le Lieutenant-Colonel Driant, jugeant la situation désespérée, réunit en conseil de guerre quelques officiers qui se trouvent près de lui. Il expose la situation, constate que chacun fait son devoir, estime qu’il ne peut plus arrêter l’ennemi et pose la question de savoir s’il vaut mieux périr glorieusement mais sans profit, avec la poignée d’homme qui lui reste, ou chercher à sauver quelques braves gens, qui, pour la suite, pourront être utiles à leur Pays, et reprendre leur place dans le rang. Les avis sont partagés ; à 15 heures 30, l’ordre de repli est donné, le Sous-Lieutenant Leroy prévient le Capitaine Very du 165e d’Infie de s’opposer à la marche des Allemands arrivant par le ravin de Joli-Cœur, pour permettre aux survivants du Bataillon de sortir du bois.

15 heures 40 –
Le Lieutenant-colonel prend la tête d’une petite colonne, les 2 commandants des deux Bataillons, chacun la tête d’une autre ; le Lieutenant Commandant la 8e Cie (Lt Simon) fait couvrir le repli par une ½ section, sous les ordres du S/Lieutt Spitz.
A la sortie du bois, les survivants qui tentent de se regrouper dans une tranchée située sur la croupe, entre le bois de Ville et le bois de Wavrille, sont pris d’enfilade par des feux de mitrailleuses venant de Joli-Cœur et subissent de lourdes pertes.
Le Lieutenant Commandant la 8e Cie donne l’ordre aux chasseurs de gagner individuellement le village de Beaumont où ils se rassembleront, en utilisant pour y arriver, les trous d’obus dont est semé le terrain.

15 heures 45 –
A ce moment, le Lieutenant-Colonel Driant et le Commandant Renouard, sont aperçus pour la dernière fois, se dirigeant sur Beaumont. Les chasseurs prétendent les avoir vu peu après dans des trous d’obus.
La croupe au Nord de Beaumont étant battue par les feux convergents de plusieurs mitrailleuses tirant du bois de Ville et de la lisière du bois des Caures, 30 hommes à peine parviennent à Beaumont.
Le Lieutenant Simon, arrivé vers 19 heures à Beaumont, rassemble les éléments survivants du Bataillon, passe à Louvemont, au camp du ‘Clairon Rolland’ et au camp du ‘Capitaine Flamme’ où il passe la nuit.


Source : JMO du 59e B.C.P.
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