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NOUVELLE MISE A JOUR LE 15 avril 2014

vendredi 29 janvier 2010

Le 14e R.I. en Artois

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Après avoir passé un mois au repos, le 14e va prendre en Artois sa part de gloire dans la belle offensive déclenchée le 9 mai. Rattaché, ainsi que le 83e, au vaillant 33e Corps d'armée, il monte en ligne le 13 mai dans le secteur du Cabaret-Rouge face à Souchez. Pendant quatre jours, sans lâcher un pouce de terrain, les troupes mal abritées dans des tranchées peu profondes, à peine ébauchées, subissent la réaction ennemie, un bombardement effroyable dont la violence ne se ralentit pas un instant. Les pertes sont énormes au cours de ces journées critiques. Mais les survivants farouches, au milieu de cadavres, de mourants, de blessés râlant, n'ont pas une minute de défaillance. Chacun reste à son poste et l'ennemi du moins ne pourra pas regagner le terrain qui lui a été enlevé de haute lutte.
Le 25 mai l'ordre est donné au 14e d'attaquer les tranchées ennemies du château de Carleul et le cimetière de Souchez. A 12 h 45 la compagnie Allaire, l'inlassable 10e, bien que notre préparation d'artillerie ait été mal faite, réussit à progresser de 40 mètres. Une nouvelle préparation d'artillerie n'est pas plus efficace et les unités qui essaient de déboucher sont ramenées dans les tranchées de départ par le feu de mousqueterie et des mitrailleuses. L'opération est reprise le lendemain 26. A 20 heures, les 10e, 11e et 12e compagnies, la compagnie Aillières du 1er bataillon sortent d'un très bel élan, s'engouffrent dans la ligne ennemie faisant 24 prisonniers dont un officier et s'emparent de 200 mètres de tranchée. Elles assurent la possession immédiate du terrain conquis. L'ennemi, d'ailleurs, ne doit pas réagir.
Le 6 juin, la 67e Brigade est rattachée à nouveau au 17e Corps d'armée et reçoit pour mission d'aller occuper un secteur à l'est d'Arras, à droite de la 68e Brigade. Dans la nuit du 7 au 8, le régiment monte en ligne dans le secteur qui s'étend entre la Scarpe et la route de Bailleul. Une nouvelle offensive générale est imminente ; jour et nuit, ne prenant que très peu de repos, à peine relevés de faction, les hommes travaillent à l'aménagement des boyaux et des parallèles de départ.
L'attaque a lieu le 16 juin par surprise. Le 83e Régiment d'infanterie est en première ligne, soutenu par deux bataillons du 14e. A 12 h15, sans que l'ennemi ait été alerté par une préparation d'artillerie, le régiment d'assaut sort magnifiquement des tranchées et certains éléments pénètrent dans la première ligne allemande. Mais la plupart des hommes pris d'enfilade par un feu très violent de mitrailleuses, arrêtés de front par les réseaux bas en grande partie intacts, tourbillonnent puis refluent vers les parallèles de départ au moment où les premiers renforts allaient sortir des tranchées. Une minute ou deux d'ailleurs après le déclenchement de l'attaque, l'artillerie allemande a ouvert un tir d'une violence extrême sur nos deuxièmes lignes et nos boyaux de communication. Les éléments du 14e sont cloués sur place. La compagnie Mauvin (3e compagnie) traverse pourtant ce barrage et s'élance avec un bel élan au secours des éléments du 83e qui se maintiennent encore dans la ligne allemande. Elle se fait hacher, son chef est blessé dans les réseaux ennemis, mais quelques hommes arrivent au but malgré tout. Ils en seront bientôt chassés eux aussi ainsi que les débris du 83e ; manquant de munitions, ils ne peuvent lutter contre un ennemi bien pourvu en grenades, qui se fait de plus en plus pressant et veut à tout prix réoccuper le terrain qu'il vient de perdre. Pour ne pas avoir honte d'être faits prisonniers, ils abandonnent la tranchée allemande et en plein jour, à découvert, sur un terrain complètement plat et nu, sous le feu rageur des mitrailleuses, ils regagnent nos lignes. Malgré l'héroïsme déployé, l'attaque n'a pas réussi. Elle est reprise le 17 dès la première heure, mais les vagues d'assaut viennent une fois encore échouer devant les défenses accessoires intactes.
L'ordre d'arrêter les opérations arrive d'ailleurs dans la journée, et jusqu'à la fin juin 83e et 14e monteront une garde vigilante devant ces tranchées puissamment défendues qu'ils n'ont pas pu prendre ou garder. La 3e compagnie est récompensée de sa brillante conduite du 16 juin par une citation à l'ordre de la division :
« Le 16 juin, devant Arras, sous l'énergique impulsion du chef de bataillon Angely et du lieutenant Mauvin, commandant la compagnie, a réussi à devancer certaines fractions d'un régiment dont elle devait appuyer l'attaque. S'est élancée d'un superbe mouvement en dehors des tranchées sans se laisser arrêter par un violent tir de barrage de l'artillerie allemande, dans le but de soutenir les fractions qui venaient de prendre pied dans les positions ennemies. »


Source : Historique du 14e Régiment d'infanterie, Imprimerie et Librairie Privat – Toulouse
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