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NOUVELLE MISE A JOUR LE 15 avril 2014

samedi 12 décembre 2009

Le 90e R.I. dans la Bataille de Verdun

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Avril-Mai 1916

Débarqué à Revigny, le Régiment cantonne à Contrisson et après quelques jours de marche stationne au bivouac du bois de Saint-Pierre sur la rive gauche de la Meuse.

Dans la nuit du 20 au 21 Avril, le 90e relève le 156e Régiment d'Infanterie du 20e C.A. sur la cote 304.

Le Régiment, en liaison à droite avec le 32e C.A. (161e R.I.) tient les premières lignes qui barrent le ravin de la Hayette et défendent la cote 304. Il est en liaison à gauche avec le 60e Régiment d'Infanterie.

Les 1er et le 3e Bataillons sont en première ligne et le 2e Bataillon est en réserve au village d'Esnes.

Les Allemands soumettent les premières lignes, les villages et les routes à des bombardements continuels avec obus de gros calibre. Le 22 Avril, à 12 h. 30 l'intensité du bombardement s'accroît. Les première et deuxième lignes déjà à peu près inexistantes sont complètement retournées. Les hommes, dans la fumée opaque des éclatements, n'ont de refuge que dans les trous d'obus épars.

A 16 h. 30, les Allemands sortant de leurs lignes, marchent sur nous, protégés par un tir de barrage roulant.

Après avoir avancé quelque peu devant le 3e Bataillon, les Allemands sont arrêtés par nos feux et doivent se replier en désordre. Devant le 1er Bataillon, après avoir progressé jusqu'à 200 mètres de notre ligne, les Allemands sont arrêtés par les Mitrailleuses et la fusillade. Ils s'accrochent au terrain.

L'attaque a partout échoué, grâce à l'abnégation des mitrailleurs qui, malgré le bombardement, ont travaillé avec acharnement à dégager leurs pièces ensevelies. Sous une pluie infernale d'obus, ils ont tiré froidement sur les assaillants.

Les plus beaux exemples de dévouement ont été donnés par tous en cette journée. Les hommes, sous le bombardement, en vue de l'infanterie ennemie, devaient travailler sans relâche à dégager leurs camarades ensevelis. Les agents de liaison s'offraient volontairement pour traverser les zones de barrage et porter des renseignements.

Les tirs de l'artillerie ennemie restent soutenus les 23, 24, 25 et 26 Avril.

Dans la nuit du 26 au 27, le 90e est relevé par le 290e et le Régiment vient se placer en réserve à Béthelainville, Vignéville, et au bivouac du bois Saint-Pierre.

Le 2 Mai, le 90e relevant le 290e, vient occuper les mêmes positions que dans la période du 21 au 26 Avril.

La cote 304 est soumise à des bombardements par obus de gros calibres qui ne se ralentissent ni de jour ni de nuit. Le 3, l'intensité du feu va croissant. Les batteries allemandes font converger leurs feux sur nos lignes de la cote 304.

Le travail de réfection est impossible et inutile. Les gros obus martèlent sans répit les positions. Les corvées de ravitaillement et de matériel ne peuvent passer sous les barrages qui plusieurs fois par nuit font rage derrière les deuxièmes lignes. Un grand nombre d'hommes ensevelis périssent étouffés. Les armes brisées sont rendues hors d'état de servir, les mitrailleuses sont enterrées.

Sous ce bombardement sans précédent, les hommes n'ont aucun repos. Dans l'enfer des obus qui éclatent sans relâche, ils doivent endurer les angoisses les plus déprimantes. Les pertes sont lourdes, les cadres s'éclaircissent et les sections fondent. La proportion des tués est très élevée.

Le 4 Mai, le bombardement devient furieux. Depuis le matin il affecte la forme d'un barrage continu. A 14 h. le tir est d'une violence inouïe et à 16 heures, après avoir envoyé des obus fumigènes, les Allemands attaquent, arrivent dans la fumée jusqu'à notre ligne sans avoir été vus. Le 3e Bataillon, est submergé. Les Allemands qui ont crevé la ligne à gauche du Régiment le prennent de dos. Le 1er Bataillon résiste, quelques mitrailleuses encore en état arrêtent la progression ennemie.

Le 2e Bataillon est appelé en toute hâte pour contre-attaquer. Il arrive dans la nuit sous un feu de barrage roulant. Les Compagnies du 1er Bataillon sont réduites à quelques fusils, les munitions vont manquer. De plus, les hommes sont exténués. Depuis trois jours, sous la violence inouïe de ce martèlement sans trêve ils n'ont pas mangé et le manque d'eau et de sommeil les fait cruellement souffrir.

Deux Compagnies du 2e Bataillon attaquent au petit jour mais ne peuvent progresser devant la fusillade. Dans la journée, le 2e Bataillon relève le 1er et les éléments du 3e Bataillon.

Le 6 au soir, le Régiment est relevé et va au bois Saint-Pierre, qu'il quitte le 8 pour être transporté dans une zone de repos dans la région de Robert-Espagne.

A la suite de ces combats, le 90e Régiment d'Infanterie est cité à l'Ordre du C.A., n°109, avec le motif suivant :
« Les 4 et 5 Mai 1916, soumis pendant 30 heures consécutives à un bombardement de pièces de gros calibre d'une violence inouïe n'a pas reculé devant l'attaque de l'ennemi, bien que subissant de lourdes pertes ».

A la fin du mois de Mai le Régiment tient position devant les lignes allemandes à l'est d'Aubérive.

Le 10 Juillet, au cours d'un coup de main le Lieutenant de Diesbach-Belleroche, du 2e Bataillon, tombe glorieusement. Il est cité avec le motif suivant :
« Officier de Cavalerie d'une énergie, d'un sang-froid et d'un cran merveilleux, blessé grièvement au début de la campagne et passé dans l'infanterie, s'est imposé de suite comme un Chef d'une trempe supérieure, adoré de sa section qui le suivait partout. Tombé glorieusement le 10 Juillet 1916, alors que, debout sur le parapet de la deuxième ligne allemande, le revolver au poing et tirant sur une ligne d'ennemis à six pas devant lui, il entraînait ses hommes électrisés par son exemple. Cité au Corps d'Armée et deux fois à la Division ».

Il y reste jusqu'au 10 Septembre, époque à laquelle il va, après relève, participer aux manœuvres du 9e C.A., au Camp de Mailly.


Source : Historique du 90e Régiment d’Infanterie, Imp G. DUPIN - grande rue LE BLANC
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